• Voici, à compléter avec la richesse de l'article sur Le chef-d'oeuvre inconnu, quelques éléments sur Balzac.

    Balzac et la peinture :

    Balzac est passé pour un homme peu au fait de la production de son époque, il aimait la décoration exubérante. Il avait une fascination peu appropriée : il aimait artistes médiocres, collectionnait de faux chefs-d'oeuvre. Il a aussi acheté quelques bon tableaux ; à partir de 1835, où il a connu quelques artistes corrects, et possédait quelques toiles de maître.

    Avant 1835 : un article de Balzac sur la peinture : "des artistes". Il s'y interesse déjà, mais son jugement est sommaire car trop abstrait.

    A partir de 1831, il entreprend un éducation esthétique, et commence ses grands romans. Il fréquente alors les salons mondains où il rencontre des artistes. Il n'a pas de connaissance livresque, alors il questionne jusqu'à plus soif les artistes comme David d'Angers, Dévéria (je crois bien qu'il s'agit d'Eugène), Boulanger, Descamps, Delacroix (liens wikipédia).

    On a émit l'hypothèse que Delacroix aurait aidé Balzac écrire Le chef-d'oeuvre inconnu : c'est faux, l'admiration de Balzac pour Delacroix n'était pas réciproque (La fille aux yeux d'or est un hommage à Delacroix).

    Il fréquente les musées et les expositions, notamment les Salons. 1822 : 1e succès de Delacroix avec La barque de Dante (visible dans la salle rouge du Louvre).

    De 1834 à 44, il visite les Salons tous les ans. Balzac lisait "L'artiste" (revue) où il a pu voir des reproductions lithographiques et des numéros spéciaux sur des artistes.

    Il envisage d'écrire un Salon en 1833, mais renonce. Il écrit cependant La maison du chat qui pelotte et Pierre Grassou, où le Salon est une toile de fond aux récits.

    On dénombre pas moins de 56 peintres cités dans la Comédie Humaine : la plupart étaient au Salon.

    En 1835, il se met à parler de peinture partout (lettres, fiction...). Pourquoi cet intérêt ? Afin de donner du contenu et un style originaux à la fiction. Le colonel Chabert serait né de La bataille d'Eylau de Gros (lien vers une image).

    Le but est de mettre en scène une réfléxion sur la création.

    Balzac à ses préférences picturales :

    - peintres français : Girodet (Endymion (très beau tableau soit dit en passant !) serait à l'origine de Sarrazine), Delacroix, David, Ingres.

    - peintres italiens : Raphaël (cité dans Le chef-d'oeuvre inconnu et Pierre Grassou), maître des maîtres ; De Vinci (inutile de mettre des liens :D ), Titien.

    - peintres flamands : Rubens, Rembrandt.

    Balzac est éccléctique, il aime le classicisme et le baroque, et aime un tableau dès sa première impression. Il a le goût de l'exubérance, du théâtre en peinture, mais il a une exigence de perfection technique. Il n'a pas un goût excellent, peu de hardiesse ; mais ce qui est novueau c'est sa façon de concevoir la création artistique.

    Dans Pierre Grassou, on retrouve tout une galerie de peintres imaginaires que Balzac a utilisé dans d'autres romans : Joseph Bridau est le héros de La rabouilleuse, Schinner est dans La bourse, Servin est un personnage de La vendetta, et Léon de Lora est lui dans Un début dans la vie.

    Artistes véritables : Poussin, Porbus, Schinner,

    Artistes géniaux : Frenhofer, Bridau, Mabuse,

    Artistes râtés : Grassou.

    La femme et l'artiste : l'art exige le sacrifice amoureux. La femme est réduite au modèle, c'est une monnaie d'échange. Il y a une dimension érotique de l'art : la femme est peinte est comme la femme réelle ; Catherine Lescot est une prostituée. Le tableau Sainte-Marie l'Egyptienne (dans Le chef-d'oeuvre inconnu) est un mise en abime de la prostitution de la situation de Gilette.

    Les tonalités philosophiques ou humoristiques :

    Comparaison entre deux nouvelles, Le chef d'oeuvre inconnu, et Pierre Grassou. Rappelons que le 1e est une étude philosophique (cause) et le second une étude de moeurs (effet), selon la classification de Balzac.

    Le chef-d'oeuvre inconnu est unitaire, plus rélféxif que narratif, il y a peu de psychologie. Gilette est juste esquissée : primat de la réfléxion. Pourtant c'est un conte fantastique, et le souci de réalisme est moins important que dans Pierre Grassou.

    Pierre Grassou : le ton est diversifié, entre le ton pamphlétaire et le ton analytique, puis de l'humour ; il cherche la vraisemblance. La nouvelle est vraiment réaliste, le romancier est un historien et sociologue du milieu des peintres et des bourgeois amateurs d'art. Le réalisme signifie : l'exploration et l'inventaire du réel, la figuration de l'histoire, l'analyse de la société, et la prise en compte de la psychologie des personnages.

    On remarque donc paradoxalement que Balzac a recours au fantastique et non au réalisme pour donner un sens philosophique et plus poussé à sa nouvelle, tandis que la nouvelle-discours est elle, plus réaliste.






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